Bilan Castor 2004 - 2005
1995 - 2005 :
10 années de présence du CASTOR
sur le cours inférieur de la Moder
Le Conseil Général du Bas-Rhin à l'origine de la réintroduction du castor dans notre département a eu la volonté d'appuyer entre autre sa politique environnementale sur le tissus associatif local. C'est dans ce cadre d'intérêt général partagé que l'Association Ried Moder a été chargée de suivre l'évolution de la population des castors sur la basse vallée de la Moder.
Rappel chronologique
1992 : Présence d'un castor isolé à Fort-Louis : observations d'indices de présence sur la Moder et la gravière par A. LAMEGER et M. MARTZ.
1994 : Castor (jeune femelle) retrouvé mort à Stattmatten le 20 Avril 1994.
1995 : Lâcher de 5 individus (2 mâles, 2 femelles et 1 mâle juvénile) à Fort-Louis (confluence contre canal / Moder).
Depuis 1995, le Conseil Général du Bas-Rhin confie la mission du suivi à l'Association Ried Moder.
Généralités
Ce document est destiné au commanditaire de l'opération castor - le Conseil Général du Bas-Rhin - et représente une synthèse des observations de la période hivernale 2004 / 2005.
Il est évident que le suivi a lieu toute l'année mais l'impact visuel du rongeur est plus significative durant la période hivernale. Cette synthèse tient aussi compte des observations antérieures et permet ainsi de tenir compte de la répartition des territoires et de leur évolution dans l'espace.
Secteur de Dalhunden :
Le Hellewasser a été visité par un ou des castors en recherche de territoire. Les traces observées n'ont pas été confirmées. L'attractivité du site doit en être la cause principale : peu de possibilités de nourriture, les berges offrent peu d'endroits favorables pour y vivre...
Secteur de Sessenheim :
Mis à part une observation (M. MARTZ) d'un jeune en plein jour, le HOOD n'a pour l'instant pas attiré les castors.
Quelques traces sporadiques ont été relevées en aval du pont - confluence du HOOd et du Toterhin avec la Moder - à mettre sur le compte des activités du secteur de Stattmatten.
Secteur de Stattmatten :
Le secteur de Stattmatten comprend une partie du ban de Fort-Louis. Etant donné que ce dernier est très étendu, il intègre le cours de la Moder à heuteur du Stein.
Le gîte suspecté en 2003 a été confirmé cette année. Mais les indices, timides et sporadiques, laissent supposer une population limitée à un individu au plus à un couple. A suivre...
Secteur d' Auenheim :
La partie de la Moder concernée par le ban communal d'Auenheim a été prospecté par le castor. Des traces diffuses ont été notées. Seul l'île et la partie forestière représentent les seules possibilités d'accueil. A partir de la gravière, le territoire peut facilement être exploité mais reste limité. Attention aux parcelles privées trop entretenues !!!
Prospections
Quelques exemples des plus significatifs pour illustrer le suivi du castor
Descente en barque du 28.09.04 :
Martial MARTZ & François STEIMER
Lors de la sortie organisée pour les animateurs du Vaisseau, différentes traces ont été notées entre Auenheim, lieu de départ, et Neuhaeusel où les participants ont débarqués.
A hauteur de la forêt d'Auenheim, rive droite un réfectoire concernant un bosquet de saule, et dans le courant, deux branches distinctement rongées par un castor.
Environ 1 km avant le pont de Fort-Louis, rive gauche, quelques coups de dents sur des racines de saule et un petit réfectoire sur la rive droite sont relevés.
En amont du pont à hauteur des premiers saules têtards, un important réfectoire sur la rive droite, puis un second un peu plus loin, permettront aux participants de se familiariser avec les "crayons" que les castors laissent sur place.
A hauteur du gîte, sur la rive opposée, un tronc de saule barrant l'accès à un bras mort est bien entamé, quelques mètres plus loin un bosquet de saule donnant directement sur l'eau a aussi été visité par nos rongeurs.
Prospection en barque du 02.10.04 :
Martial, Christophe & Louis MARTZ
Effectuée sur le contre canal, la prospection a permis de constater quatre importants réfectoires répartis entre le lieu de lâcher de 1985 et sur environ 1 km en amont de ce lieu soit jusqu'à la limite de la ripisylve. De beaux crayons relativement récents ont été localisés sur les berges du contre canal.
Prospection du 19.12.04 :
Martial MARTZ
Prospection à pied le long du contre canal et sur 300 m de berge de la Moder, rive droite en aval de la jonction du contre canal.
Aucune trace sur la Moder mais un important réfectoire, rive droite du contre canal, et un crayon rive gauche prouve une bonne fréquentation du site.
Prospection du 24.12.04 :
Martial MARTZ
Prospection à pied de Stattmatten à Auenheim, rive droit : pas d'indices.
Prospection du 27.12.04 :
Martial MARTZ
Prospection sur le contre canal et 500 m de Moder en aval de l'embouchure du contre canal. Intensification des indices sur le contre canal (7 points différents ; rive gauche et droite) ; le gîte n'est pas utilisé.
Affût du 30.12.04 :
Martial MARTZ
Affût nocturne - de 17h à 19h30 - sur le contre canal en face du chantier : RAS.
Prospection des 08 & 09.01.05 :
Martial MARTZ
Sortie de contrôle sur le contre canal de part et d'autre du passage de la route des russes.
Les indices relevés durant l'hiver 2003/2004 sont confirmés et même largement intensifiés. La limite amont de l'exploitation du canal se situe au niveau de l'ouvrage du service de naviagation. Cet ouvrage comporte un seuil permanent d'environ 40 cm et un important dénivelé avec enrochement a pour l"instant stoppé la progression du rongeur.
Les nombreuses branches flottantes ou accrochées das les pierriers sur l'ensemble du cours d'eau laissaient présager une importante exploitation des berges amonts du contre canal. En effet, particulièrement la rive droite fait l'objet d'une intervention continue durant la période hivernale en cours.
Prospection du 30.01.05 :
Martial MARTZ
Prospection à pied de la rive gauche en partant du dernier pont (proche de la digue du Rhin) jusqu'à Auenheim. la partie de berge est située entre le pont de Fort-Louis et le coude de la rivière en limite du ban d'Auenheim n'a pu être prospectée pour raison de chasse.
Météo : temps sec et froid - 5°.
*Entre le pont et le contre canal*
Quelques indices marquants et relativement frais - coups de dent sur un tronc de saule (rive droite) - 2 branchettes coupées sur un rejet de saule - quelques crayons sur des branches de saules flottantes - quelques branches coupées sur l'eau - réfectoire sur la berge - état actuel du gâte ; celui-ci n'a pas été entretenu pour cette période hivernale ce qui signifierai son abandon.
* Entre le contre canal et le fort*
A quelques mètres en amont de la confluence avec le contre canal, deux sites, un rive droite et un rive gauche, sont très marquants. Le premier consiste en l'exploitation de branches d'un saule qui a cassé et est tombé dans le cours de la rivière. Le second est un peuplier nettement écorcé (plusieurs interventions différentes dont une toute récente) et un petit réfectoire à droite de ce même arbre.
*Portion de rive de l'île de Giessenheim au pont d'Auenheim*
Un seul indice - un rejet de saule coupé lors de cet hiver - a pu être observé sur cette portion de rivière.
Remarque : concernant particulièrement cette portion, mais dans un contexte plus général, nous pouvons émettre quelques observations au stade actuel des prospections : le domaine de vie de la famille installée depuis le lâcher de 1995 s'est déplacé sur le contre canal. Ceci est à mettre sur le compte des hypothèses suivantes : il bénéficie de plus de tranquilité sur le contre canal mais aussi d'un couvert qui lui convient mieux. Malgrè un aspect général relativement bien préservé, les berges de la Moder ne représentent pas une bonne "table" pour le castor. Des travaux de coupes mais aussi d'entretien des parcelles privées y sont certainement pour quelque chose. Un autre critère est celui de la chasse. Sur le tronçon fait à pied (environ 10km), j'ai pu relever un nombre important de places de tir au canard (des douilles par dizaines voir centaines). Sachant que cette pratique se fait à la tombée du jour, le moment où le castor devient actif, et que les chasseurs profitent des affûts pour liquider les ragondins et rats musqués, il n'est pas impossible que des "accidents" puissent être la cause de manque de colonisation du reste de la rivière. Les nombreux indices éparpillés sur l'ensemble du cours d'eau et qui, d'années en années, ne sont pas confirmés, me font encher vers cette hypothèse : l'impact de la chasse est préjudiciable à l'expansion du castor.
Prospection des 05 & 06.02.05 :
Martial MARTZ
Gravière de Stattmatten et rives de la Moder sur 500 m à proximité de la gravière.
Les différents indices de l'année écoulée sont confirmées sur la rive de la gravière ainsi que de quelques traces sur la rive gauche de la rivière.
Prospection du 10.04.05 :
Martial MARTZ
Prospection en canoë du Hood, Toterhin et de la portion de la Moder de la confluence du Hood jusqu'à Stattmatten.
* Le Hood : aucun indice de présence relevé.
* Le Toterhin : aucun indice de présence relevé.
* La Moder :
- A droite de la confluence du Hood : confirmation d'indices anciens.
- A droite de la confluence avec le Toterhin : confirmation d'indices anciens
- Sur l'ensemble du cours : pas d'indice nouveau hormis des branches rongées à environ 200 m en aval du gîte, rive droite, et à hauteur du pont à Stattmatten.
Conclusion
A ce jour, il m'est permis d'affirmer que la colonisation de la Moder présente trois sites distincts : le premier se situe sur le site historique du lâcher, le contre canal et la partie de la Moder de part et d'autre de la confluence incluant le gîte ; le second à hauteur de la gravière de Stattmatten incluant la rive nord de cette même gravière et le tronçon de la Moder du Woertel ; enfin le dernier concerne la colonisation des rives à hauteur du Stein de Stattmatten comprenant des berges faisant partie du ban communal de Fort-Louis avec un gîte bien identifié.
En matière de population, la population d'origine s'est fixée sur le contre canal. c'est de ce lieu que la population a essaimé. Des indices ont rapidement été repéré sur le cours de la Moder, mais la stabilisation de ceux-ci au droit des deux autres sites n'est intervenue que récemment (2003).
Vu les indices sporadiques et discrets, les occupants des sites 2 et 3 sont certainement des individus seuls ou au plus en couple.
Par ailleurs, il est à remarquer que l'extraordinaire impact sur les rives du contre canal sont synonymes de fréquentations et même de dérangements réguliers. Depuis peu, nous pouvons constater que beaucoup d'arbres sont abattus et non exploités ce qui ne s'était pas passé auparavant. Certaines personnes se sont intéressées de façon maladroite à nos animaux qui n'ont pas appréciés les dérangements.
Attention au retour des propriétaires privés qui ont tendances à considérer que leur propriété est un jardin. La maîtrise foncière serait une solution à étudier si nous avons l'ambition de permettre le développement de la population sur le restant du cours de la Moder.
Il y a aussi lieu de suivre l'impact des chasseurs - agrainage des sangliers ou canards, nombreux postes de tir - est-elle un frein à l'expansion des castors !!!
Ce bilan n'a aucune prétention scientifique, il est uniquement le reflet du travail de terrain, souvent discret et sans autre ambition que de remplir la mission que le Conseil Général a bien voulu confier à l'Association Ried Moder. Si ce travail est discret, il n'est pas effectué sans passion. Le soucis constant d'intervenir sans déranger la faune s'accompagne aussi d'une certaine retenue quant à la vulgarisation des informationd ; l'expérience aidant, il est devenu évident que le choix de diffusion limité d'information concernant ce genre de suivi est un bon choix. Par conséquent, ce document sera diffusé en priorité au commanditaire de l'opération, le Conseil Général du Bas-Rhin, et pourra servir à l'association pour des actions de sensibilisation ou de propositions dans le cadre de l'A.P.B.
Par Martial MARTZ