Le castor - Info Ried 1994 / 2

Avec une taille de 80 - 90 cm plus une queue de 30 - 35 cm et un poids de 25 - 35 kg, le castor est le plus gros rongeur d'Europe.

On distingue 3 sous-espèces européennes : C. fiber galliae, le castor du Rhône, le plus gros ; C. fiber du Nord de l'Europe dont l'aire de distribution s'étend de la Scandinavie à la Sibérie ; C. fiber albicus, de l'Europe de l'Est, présent notamment sur l'Elbe.
Une seule sous-espèce en Amérique du Nord : C. fiber canadensis, plus petit, diurne.

Le castor d'Europe - protégé en France depuis 1904 - est de moeurs essentiellement nocturne, mais il nous est arrivé de l'observer en plein jour, se toilettant et se prélassant au soleil ; il serait devenur nocturne par nécessité ?

Son adaptation au milieu aquatique est remarquable : il plonge en apnée de 7 à 15 min, se déplace à la nage avec ses pattes arrières palmées et de sa queue aplatie, couverte d'écailles.

sa fourrure est composée de deux couches : la bourre ou duvet et les poils de jarre plus épais et plus longs, se plaquant sur le duvet lors des immersions en y retenant l'air.

Le castor vit en groupes familiaux, souvent avec deux générations de petits, dans un territoire s'étendant en moyenne sur 3 km de cours d'eau, ceci pour une densité de population normale.

Il y construit son gîte, un terrier avec parfois plusieurs chambres, souvent entre les racines d'un arbre. Ce gîte est occupé et consolidé pendant de nombreuses années ; la chambre principale communique avec l'extérieur par un évent recouvert de branchages ; c'est là que la femelle met bas 1 à 4 petits par an après une gestation de 3 mois. La litière de la chambre est composée de copeaux de bois débités à l'intérieur ; elle est renouvellée régulièrement. L'entrée du gîte se trouve toujours sous le niveau d'eau et si "sa" rivière maintient un niveau suffisant pendant la belle saison, notre gros rongeur ne jugera pas utile de construire de barrages.

S'il montre au seil de la cellule familiale une grande sociabilité, le castor est toutefois très agressif vis à vis de ses congénères venant d'autres territoires ; quant aux subadultes qui essaiment, ils adoptent une très nette attitude de soumission lors de la recherche de nouveaux sites et de partenaires.

Végétarien strict, son alimentation varie selon les saisons : essentiellement herbacée durant l'été, avec une grande consommation de rhyzomes de nénuphars jaunes, de bulbes de sagitaires, de souches de massettes et d'autres plantes aquatiques ou de berges.

Son passage répété pendant la belle saison sur un territoire défini conduit à la formation de magnifiques herbiers subaquatiques favorisant un bon débit d'eau et la création d'éventuelles frayères.

Le castor passe au courant de l'automne et ceci jusqu'à la fin du printemps à une nourriture preque exclusivement ligneuse, essentiellement composée de branches de saules et autres essences à bois tendre qu'il trouve sur les rives des cours d'eau dont il s'éloigne d'ailleurs rarement plus d'une vingtaine de mètres.

Il abat alors quelques arbres pour s'assurer une réserve de branches et de brindilles pendant la période hivernale. Ces souches recèpent et renforcent leur système radiculaire ; ces "chantiers" sont revisités d'année en année pour la récolte des jeunes troncs devenus "mûrs".

Ce recépage régulier favorise le développement d'une ripisylve de faible hauteur d'où un meilleur ensoleillement du cours d'eau, et une stabilisation des berges ; bons nombres de cours d'eau doivent leur profil actuel à des chantiers de "bièvres" des temps jadis.

Le castor a disparu d'Alsace à la fin du 19ème siècle. C'est une chasse abusive, pour sa fourrure, sa viande, son castoreum (secrété au niveau du cloaque, riche en acide salicilique et utilisé en médecine populaire) et une réelle méconnaissance de ses moeurs ( on le croyait piscivore, donc un concurrent à éliminer) plutôt qu'une altération de son milieu, qui sont à l'origine de son extinction en Alsace. Car le castor, animal très opportuniste, est très peu exigeant sur la qualité de l'eau dans laquelle il est amené à vivre, pourvu que les berges de sa rivière ne soient pas enrochées et que les rives soient pourvues de végétation, dont ses chers saules.

La réintroduction du castor allait de pair avec la restauration des derniers reliquats de forêts rhénanes, notamment en Alsace du Nord, sur le cours inférieur de la Moder.

Par l'action conjuguée du Conseil Général du bas-Rhin, de l'Office National de la Chasse, de l'Office National des Forêts, du Conservatoire des Sites d'Alsace, du Service de la Navigation, de l'Association Ried Moder et l'accord de plusieurs communes, plusieurs lâchers de castors rhodaniens ont pu avoir lieur.

Le succès de ce programme de réintroduction est en grande partie dû au travail des bénévoles : choix des sites propices, délimitations des territoires, sensibilisation du public, préparation des lieux de lâcher (restauration des rives, protection des populicultures, aménagement de passages protégés près des routes) et le suivi des animaux.

Si, dans un premier temps, la réintroduction du castor en Alsace n'avait d'autre but que la restauration de notre richesse faunistique, le bilan d'impact du castor sur son milieu, fruit de quelques années de suivi, inciterait plutôt à dire que c'était replacer un maillon essentiel, voire indispensable dans l'écologie de nos cours d'eau.

Article par Jean-Jacques MERKEL



25/07/2007
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